Dans la perspective du nouveau cycle institutionnel 2024-2029, les chefs d’États de l’UE se sont réunis les 27 et 28 juin derniers en vue de définir les priorités de l’UE et désigner les plus hautes fonctions de l’UE (« top jobs » ). Ces sujets, minutieusement préparés en amont, ont tous fait l’objet d’un accord.
Désignation des « tops jobs »
Le 27 juin dernier, les chefs d’État se sont ainsi accordés pour désigner 3 des plus hautes fonctions de l’UE : la présidente de la Commission européenne, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ainsi que le Président du Conseil européen.
Ursula VON DER LEYEN, actuelle présidente de la Commission européenne a été désignée pour un second mandat. Ancienne ministre allemande sous Angela MERKEL, elle avait été nommée à la tête de la Commission européenne en 2019. Son 1er mandat a été marqué par le lancement et la mise en œuvre du Green deal ainsi que par les différentes crises sanitaires et géopolitiques (pandémie de COVID-19, guerre en Ukraine, etc.) qui ont jalonné l’actualité de ces 5 dernières années. En tant que Présidente de la Commission européenne, elle dirige cette institution et décide de son programme d’action et de son organisation interne, en attribuant les portefeuilles aux différents commissaires. Elle représente également l’institution lors des réunions du Conseil européen, des sommets du G7 et du G20, des rencontres avec des pays non membres de l’UE, ainsi que lors des grands débats au Parlement européen et au Conseil. Elle doit maintenant être élue par le Parlement européen par la majorité de ces membres pour être formellement nommée à ce poste.
Kaja KALLAS a été désignée par les chefs d’États au poste de haute représentante en charge des affaires étrangères et de la politique de sécurité. Kaja Kallas a siégé au Parlement européen de 2014 à 2018 au sein du groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE), devenu par la suite Renew en 2019. Elle a ensuite pris la tête du Parti de la réforme d’Estonie, avant de devenir Première ministre d’Estonie en 2021. Elle s’est illustrée sur la scène européenne pour ses positionnements très fermes envers la Russie dès le début de la guerre en Ukraine en soutenant la mise en place de sanctions contre la Russie et l’émission d’« eurobonds » pour soutenir financièrement l’Ukraine. La haute représentante de l’Union et les autres membres de la Commission européenne devront, en tant que collège, obtenir l’approbation du Parlement européen par un vote avant leur nomination formelle par le Conseil européen.
Antonio COSTA, homme politique socialiste portugais, a été nommé pour prendre la suite de Charles Michel en décembre 2024. Il devra ainsi diriger et coordonner les travaux du Conseil européen en collaboration avec la Présidente de la Commission européenne. Il sera également en charge de représenter l’UE à l’international sur les questions de politique étrangère et de sécurité en partenariat avec la Haute représentante. Antonio Costa, Premier ministre portugais de 2015 à 2023, s’est distingué sur la scène européenne pour le « miracle portugais » permettant une sortie de la récession et de l’austérité du pays grâce à une combinaison de prudence budgétaire et d’investissements. Son parcours politique avait débuté au sein du conseil municipal de Lisbonne à la fin des années 1980. Il avait par la suite occupé plusieurs mandats électifs nationaux en tant que député, ministre et maire de Lisbonne. Il a par ailleurs été élu député européen en 2004 (S&D – Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen).
Définition de l’agenda stratégique de l’UE pour 2024-2029
En parallèle, les dirigeants de l’Union européenne ont aussi adopté à l’unanimité le programme stratégique 2024-2029, définissant les orientations et objectifs clés de l’UE pour le prochain cycle institutionnel. Ce plan d’action, qui est une base de travail concise transmise par le Conseil à la Commission, souligne la nécessité de renforcer la souveraineté européenne et de mieux préparer l’Europe aux défis à venir, dans un contexte économique et géopolitique en évolution rapide. Il repose sur 3 grands piliers :
· Une Europe libre et démocratique ;
· Une Europe forte et sécurisée ;
· Une Europe prospère et compétitive.
Le cadre financier pluriannuel post-2027, qui sera présenté d’ici mi 2025, devra refléter ces priorités. Concernant la question épineuse du financement, la Présidente de la Commission européenne a également présenté un rapport oral aux chefs d’États et de gouvernement sur les options possibles quant au financement de la défense, dont les besoins en investissements pour l’industrie de la défense européenne ont été évalués à 500 milliards d’€ sur 10 ans. Cette présentation a été suivie d’échanges tendus entre les États membres et plus particulièrement avec les contributeurs nets et l’importance de « travailler à de nouvelles ressources propres » au budget de l’UE a également été soulignée.